Coeurs Unis - Kè Kontre

Ce blog sert de lien pour les adhérents de l'association en quête d'informations sur la mission de Martine, Raymond, Denis et Maïté en Haïti. N'hésitez pas à laissez un message de soutien en commentaire ou des informations si vous en avez à l'adresse : ke.kontre@wanadoo.fr.

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mercredi, février 9 2011

Au revoir Haïti

Je suis arrivé ici, habité par les images catastrophistes des médias occidentaux, m’attendant à ne voir que misère et visages défaits. Je n’ai pas tout vu, je n’ai pas tout entendu. Je ne suis pas allé au cœur de la campagne ni sur les côtes attendant les touristes. Je ne suis pas allé à la « Cité Soleil » ni dan le fond des ruelles. Je n’ai vu toutes tentes installées vraiment partout que de loin.

Mais j’ai rencontré des visages souriants, des hommes et des femmes bien habillés, à la manière occidentale. Je ne sais si les milliers de personnes aperçues souffrent de la faim, mais j’ai vu des milliers de personnes qui essaient de gagner leur vie, qui ne regardent ni à la pénibilité, ni à l’heure ou au jour de la semaine pour travailler.

Les enfants des écoles sont tous bien habillés dans leur uniforme et sont gourmands d’apprendre à lire et écrire. Il n’y a presque pas de problèmes de disciplines dans les classes pourtant surchargées, m’a-t-on dit. Ils ont l’air heureux avec une gamelle de riz aux pois bien pleine donnée à l’école chaque jour. Les cuisinières font leur cuisine avec le sourire alors qu’elles n’ont que des grandes marmites posées sur trois grosses pierres et du charbon de bois très souvent. Cette source d’énergie est encore primordiale dans le pays, hélas !

J’ai vu des petits modules à travers la ville mis en place par des ONG au service de la santé des habitants. Ils font peut-être 12m2, avec une appellation écrite « Clinique de… ». Je ne sais si c’est très fréquenté, mais j’ai vu les familles faire attention à ce qu’elles boivent, laver longuement les fruits et les légumes. Je n’ai pas entendu parler du choléra. Les gens n’ont pas l’air terrorisés par cette épidémie.

J’ai beaucoup entendu parler politique et même avec humour ! Le pays s’attend à tout et ne croit ni aux capacités ni à l’honnêteté de ses dirigeants quels qu’ils soient. Mais j’ai vu rire de Jean-Claude Duvalier, celui que personne n’attendait. Tout est possible ici et tout est rempli d’imprévus . Les Haïtiens sont capables d’humour et cela les aide certainement.

Ce qui m’a le plus marqué ce sont les rues de la ville que j’ai sillonnées tous les jours dans les « 4x4 » des amis. Impensable en Occident ! La poussière soulevée par les pieds et les roues des autos pénètre partout, même dans les yeux. Les murs, les poteaux sensés porter l’électricité qui ne circule que la nuit, et encore, les bouts de planches toutes usées clouées n’importe comment pour faire des étalages, donnent une impression de désordre immense. Les déchets sont ramassés à la pelle de temps en temps, mais les passants marchent à côté sans y faire attention. Habitués sans doute !

Haïti, un pays qui vit au rythme du soleil généreux, et de lui seul. On sait faire avec le temps, remettre ou oublier un rendez-vous, perdre la moitié d’une journée s’il le faut, faire sans cesse de nouveaux projets. L’Occident super organisé et prévoyant a du mal à comprendre .Mécènes et Gentils donateurs voudraient que tout soit planifié pour donner des aides. Il faut bine faire avec la réalité d’ici.

Les Haïtiens auraient besoin de l’argent que les hommes au pouvoir ont mis dans leur poche. Mais ils pensent que si J.Claude Duvalier donne son argent au pays il ira simplement grossir les comptes des nantis du pays, car il y en a.! J’ai apprécié la chaleur du jour (25 à 30 ° à cette époque) et la fraîcheur relative de la nuit. C’est la bonne époque de l’année pour venir dans cette région. J'ai eu du succès auprès des moustiques, mais cela passe…

J’ai rencontré l’Eglise Catholique, très présente ici depuis 150 ans. Elle est aujourd’hui animée par les Haïtiens eux-mêmes. Ils le font à leur façon et avec les moyens qu’ils ont. Les messes sont chaleureuses et priantes, même si j’ai trouvé le rythme un peu lent. Elle fait tout ce qu’elle peut pour aider le pays à se relever et se transformer. Une Eglise concordataire, mais qui garde sa liberté face au pouvoir. Une Eglise qui ne veut pas attendre tout de la Communauté internationale mais qui sait apprécier sa solidarité, car elle sauve des milliers de personnes de la mort, surtout dans les villes. Une Eglise qui a du mal à supporter les « Protestants » qui font beaucoup de prosélytisme bruyant et gardent l’esprit « business » des Américains. Pour eux les Eglise se mènent comme une entreprise.

Port au Prince et ses environs immédiats restent marqués par le séisme du 12 janvier 2010. On n’a pas fini de déblayer les maisons cassées dont on ne sait si elles gardent encore des restes humains vite desséchés ici.

Les Haïtiens regardent beaucoup vers les USA et le Canada. Ils n’aiment pas beaucoup ceux qui les dominent et les contrôlent depuis plus de cent ans, mais ces pays restent un rêve pour eux .Beaucoup émigrent.

Je ne suis pas « désolé » par ce que j’ai vu. Je vais repartir au contraire plus dynamisé que jamais. J’espère avoir communiqué un peu de mon enthousiasme à ceux et celles que j’ai rencontrés.

Reste que m’approcher de ce pays de 25 000 km2, et peuplé de plus de 8 000 000 d’habitants Souffrent et va sûrement continuer longtemps de souffrir. Mais, comme tout un chacun il a droit à un peu de bonheur, de joie et d’amour. Et c’est notre affaire à tous.

Denis – 29 01 2011

mardi, février 1 2011

Carnet de Route de Denis

Bien que notre association ne soit pas confessionnelle, les témoignages du Père Denis Mary sont si riches de ressenti , d'émotions, d'histoires de vie qu'il nous a semblé dommage de vous en priver , au nom d'un quelconque "équilibre" des opinions ou d'un éventuel risque de confusion sur la nature de notre association. Nous vous souhaitons donc une bonne lecture.

Paroisse St Roch (10 à 12 000 habitants)

Paroisse crée en 2001 dans la montagne en périphérie de Carrefour (Port au Prince) 2 églises - St Roch (détruite – en reconstruction) - Mahodou (église dont la construction va commencer) + 2 chapelles – salles polyvalentes en projet(Macao) Ecoles : St Roch (480 élèves) détruite (salles provisoires) Dufresnay – création d’une école sous toile (98 élèves – 2010. 2011) (gratuite pour les familles, les plus pauvres) Mahodou- école en bon état 2 projets avec les salles polyvalentes Presbytère – 1 presbytère détruit (pas de projet pour le moment) La paroisse fait partie du secteur rural de la commune de Carrefour. Dans la montagne, une route sinueuse, escarpée, à peine carrossable, relie les différents lieux (inutilisable par temps de pluie) Entretenue par ceux qui la fréquentent. Les habitants n’ont aucun moyen de transport. Pas de « TapTap » La voiture des prêtres prend des auto-stoppeurs dans tous les sens. -Ecole St Roch Les deux modules payés par l’association Cœurs Unis Kè Kontre vont être les bienvenus. Car les enfants sont en classes doublées dans la même pièce (40 m2) Il y a une classe de petits où ils sont 94. Fin janvier, l’école va occuper les 2 modules. Ils vont se croire au paradis. -Ecole de Dufresnay 2010 Sous toile, une école avec 2 classes entre-ouvertes. Quelques tables sur le sol et un tableau. Cette école est totalement gratuite. Dès l’ouverture : 94 élèves. Certains enfants n’ont même pas d’existence légale (pas inscrits sur l’état civil) C’est entrain de se régler. Une salle polyvalente en projet abritera un jour cette école.

Dans la montagne les ONG (américaines) n’ont rien fait à la suite du séisme. Tout est pour Port au Prince. Secours catholique ou autre organisme n’ont rien donné. C’est aux Pères de se débrouiller.

Denis 20.01.2011


« Société des prêtres de St Jacques » Missionnaires en Haïti But – 1- Aider les Eglises qu’ils servent, à réaliser leur vocation missionnaire. 2- Envoyer dans d’autres pays et d’autres Eglises, des messagers de l’Evangile. 3- Engager les Eglises dont ils sont originaires à vivre avec les missionnaires. (L’Évangélisation de St Domingue-Haïti a commencé avec des conquérants Espagnols (Franciscains, Dominicains, Carmes, Jésuites) 1804 – Le pays Ouest –St Domingue (Haïti) est indépendant. Des religieux sont dans le pays mais sans organisation. 1860 – Rome signe un Concordat avec le pouvoir (militaire) d’Haïti 1864- Des prêtres diocésains viennent de France (surtout du Finistère et Morbihan) Le pays est organisé en cinq diocèses (3 seront créés en fin 20e siècle) 1884- Déjà 250 prêtres sont venus en Haïti et cela continuera. 1894- La formation des futurs prêtres est organisée à Landivisiau dans le Finistère au Manoir St Jacques. 1871- Deux prêtres sont haïtiens 1927- Un grand séminaire est ouvert à Port au Prince. Il y a 60 ans, presque toutes les paroisses sont sous la responsabilité des Prêtres de St Jacques. 1959-1969- Des prêtres sont expulsés (sous Duvalier) qui veut un clergé indigène. 1966- Les prêtres de St Jacques sont organisés en « Société de St Jacques » Aujourd’hui - Ils ont trois centres : - « Lafleur-Ducheine » à Port au Prince, centre provincial - « Fontamara »- Maison de Formation et de retraite - Ermitage à Cap Haïtien. + 2 paroisses sur Carrefour : St Antoine – St Roch - Quelques paroisses au Brésil et en France.

Denis 21.01.2011


Futurs Prêtres haïtiens (Sté St Jacques)

J’ai passé deux heures avec six garçons d’une vingtaine d’année, qui ont l’intention de devenir missionnaires de St Jacques. Avant de commencer le Séminaire du pays à Port au Prince, ils font une année de discernement à Fontamara. Ils sont actuellement accompagnés par un prêtre haïtien de St Jacques « OTHON » qui succède à Georgino, parti, sur sa demande, au Brésil. -Ils se demandent comment la France a pu se déchristianiser ainsi. - Il y a très peu d’incroyants en Haïti et ont du mal à s’imaginer le fait de l’incroyance. - Ils se heurtent aussi au manque de formation des Chrétiens car il y a deux réalités qui les interpellent. 1- la persistance de la superstition et du Vaudou 2- la montée des « Eglises évangéliques » – flagrante depuis le séisme - Comment aider les habitants qui se disent catholiques à avoir la foi authentiquement chrétienne et une vie évangélique ? -Avec raison ils n’ont pas peur de l’avenir et ils savent que leur pays a bien des choses à apporter à l’Europe (exemples : leur confiance au Christ et leur chaleur humaine ,1 grand cœur généreux). -que l’Occident n’oublie pas de réparer l’injustice du passé (traite des noirs-exploitation de leur terre)

Note – Sur la paroisse St Roch un religieux Catholique a recruté des enseignants « Évangéliques ». Ces enseignants empêchent les familles de fréquenter l’Eglise Catholique.

Ordination 22.01.2011

Jean-Maxène TRISTANT. Prêtre de St Jacques C’est le 24ème prêtre haïtien de la « Société des prêtres de St Jacques ». Cela s’est passé à Petit Goave, à une heure et demie de Port au Prince. Nous avons pris la route du Sud qui longe la mer. Enfin une route assez correcte pour le pays. A un moment j’ai même vu des poteaux du code de la route ! L’église de Petit Goave a été détruite par le séisme. Nous étions sous un grand hangar aménagé en église. Un seul mur : derrière l’autel. Monseigneur Francois-Wolf Marie Ligondé a présidé l’ordination. Retraité, il a été le premier archevêque noir de Port au Prince (sous Duvalier) Jean-Maxène a déjà fait un stage pastoral dans le diocèse de la Rochelle en France et il va y retourner dans quelque mois. Les assemblées sont animées ici : orchestre (Synthé, guitare, percussion) chorales avec un responsable, et en uniforme. Les chants sont les mêmes qu’en France, même les récents (comme « Couronnée d’étoiles » ou « Le corps et le sang du Seigneur ») Les chants français sont chantés très (trop) lentement pour moi. Les chants créoles sont rythmés et plus rapides. Pourquoi ? Les gestes de paix sont très exubérants : moultes embrassades, accolades et tapes dans le dos, accompagnés de rires éclatants entre prêtres bien sur ! Un repas-buffet gratuit était servi dans le grand presbytère (non détruit) joyeuse pagaille, bruyante- comme d’habitude ici. Quand ils sont réunis les haïtiens sont bruyants. Les enfants de chœur ont des tenues à l’ancienne : soutane (rouge) (bleue) surplis blancs- quelquefois au bas des dentelles blanches. On ne regarde pas à la longueur. On n’est pas maniaque ici. Les prêtres habillés en clergyman pour les cérémonies ont des aubes comme chez nous. Mais une mode s’instaure : mettre de la dentelle ici et là. L’austérité n’est pas naturelle ici. La messe a duré 3 heures.

Denis 22.o1.2011


Emmuré !

J’espérais pouvoir marcher en ville-mais pas question ! Les piétons sons très nombreux dans les rues mais il n’y a que les haïtiens anonymes car les dangers sont là. - Il est facile d’être volé - Il y a le racket - Il y a aussi le kidnapping (et il est en regain en ce moment) - Il peut y avoir des bandes violentes - Il faut penser aux manifestations possibles, presque toujours violentes, elles aussi. Alors pas question de s’aventurer dans les rues. Et si je pouvais y aller, qu’y ferais-je ? - La langue créole m’est incompréhensible - Il n’y a presque pas de boutiques. Ce sont surtout des vendeurs improvisés dans les rues. - Les boutiques ne sont pas encourageantes pour nous. Des grilles, des portes en fer, des guichets. Tout est fait pour se protéger des voleurs. - Pas de boutiques touristiques, sauf quelques boutiques d’Art local (que j’aime) en retrait, la plupart du temps. - Ce qui se vend dans la rue, c’est beaucoup pour manger ou pour la vie quotidienne que je n’ai pas à prévoir. Les propriétés sont toutes murées. Ce sont les gens à l’intérieur qui ouvrent. Pas ceux qui entrent. Murs très hauts, chaines, cadenas, barbelés sur les murs, les gardiens utilisent les « judas ». Prudence. Le Père Cabioc’h a vu, en 1992, une bande entrer qui menaçait de le tuer. Il a pu négocier ! Donc attention en Haïti Denis 22.01.2011 Missionnaires en Haïti depuis un demi-siècle Jopic, Yvon, Pierre et Jean-Jacques sont arrives jeunes prêtres en Haïti et ont exerce leur ministère dans les paroisses tout au long de leur vie. Aujourd’hui ils ne sont plus en paroisse mais ils aiment ce pays et veulent y achever leur existence. Ils sont à « Fontamara » au sud de Port au Prince dans uns maison des Peres de St Jacques. Ils ont trouve leur bonheur ici mais cela n’a pas toujours été facile. Ils rassemblaient les chrétiens en grand nombre. Ils ont crée des écoles « presbytérales » partout. Ils ont parfois connu la violence de la part des paroissiens. Jean-Jacques et Jopic ont vu dans leur paroisse se dresser devant eux des petits groupes qui voulaient les faire partir -les « déchouquer »- usant de leurs relations avec des personnes proches du pouvoir civil, provoquant de grandes assemblées houleuses dans les églises. Le ministère des cultes devait intervenir car les cures était nommes avec l’assentiment du gouvernement. Sans lien avec le ministère ils ont été interpelés par des voleurs. Yves a eu un revolver pose sur la tempe pour qu’il donne son argent. Il y avait heureusement peu d’argent dans la caisse. Une autre fois deux voleurs l’ont braque pour qu’il laisse sa moto. Il a réussi à se sauver avec son engin, mais l’a vendu peu après, traumatisé par l’événement. Jean-Jacques a vu un jour un groupe d’exaltés entrer. Ils étaient une trentaine et voulaient des armes - qu’il n’avait pas !- Avec deux armes braquées sur lui, il a pu négocier. Pierre a été menace par une arme par un préfet, car il avait reproche a sa femme de pratiquer le Vaudou. Cela s’est termine par un coup de poing a moitie rate. Il doit arrêter les confessions. Depuis quatre ans Jean-Jacques n’a plus sa voiture personnelle. Il l’avait prêtée a deux employés pour faire le marche, la voiture a été prise par deux braqueurs et une des employés kidnappée. Il a pu négocier la rançon -mais n’a pas retrouve la voiture-. Des baptêmes sont assez souvent demandés avec la menace des armes. Ces prêtres connaissent un confrère qui a été assassiné de cette façon. Nous sommes loin de la Normandie.

Denis le 26.01.2011


Haïti – Paradis ! Pas mourir !

Il est là, souriant du matin jusqu’au soir, le Soleil Mieux encore qu’aux belles journées estivales en mon pays. Ici je ne vois que des arbres couverts de milliers de feuilles, car il n’y a pas d’hiver pour cacher la vie en Haïti. Corossol, igname, pastèque ou mangue, papaye, chadec, cachiman ou figue, banane… je n’en finirais pas de nommer les fruits généreux qui s’offrent chaque jour pour que je leur tende la main. Un paradis ! Regardez au-delà des lourdes portes verrouillées. Les arbres se laissent voir mais semblent toucher le ciel, pour que la brise marine vienne les caresser joliment. Ils ne connaissent ni le bien, ni le mal mais ils donnent la vie. Blottie entre mer et montagnes, Port au Prince est la ; ville grouillante de vie, mais recouverte d’un nuage gris, bardée de fer, de planches élimées, de gravats échevelés, car la terre déchainée a tout casse la dernière année. Paradis, Haïti ! En attente d’enfantement –oui ! Les écoles en bois chantent l’appel à demain, à l’amour ! Mon corps et mon cœur sont meurtris dans les rues sauvages Haïti ne peut pas mourir, puisque la vie est plus forte que la mort.

Denis le 27.01.2011


Le Grand Séminaire !

Ma dernière visite a Port au Prince aura été le Grand Séminaire –ce qui fut le Grand Séminaire, exactement. Perché sur une colline dans un endroit calme, avec un grand parc, il abritait une centaine de jeunes hommes. En moins d’une minute presque tout l’immeuble a été fracasse. Le béton arme s’est plie, les murs et plafonds se sont effondrés. La mort a envahi les lieux. Et tout est resté identique aujourd’hui comme au premier jour. Des corps sont sans doute ensevelis sous le béton aujourd’hui encore. Sur le bord du chemin une petite clairière avec une statue de Marie fixée au tronc d’un arbre. Au pied, une marque rectangulaire sur la terre. Rien ne le dit, mais là a été inhume à la hâte un des prêtres professeur. J’ai tout parcouru avec Othon, qui a fait tout son séminaire à cet endroit. Il n’a nommé les lieux. Je n’avais pas envie de parler. Un garde (armé) est venu nous voir. Il garde la mort, le néant. Un autre garde est plus loin. Pourquoi ces ruines n’ont-elles pas été nettoyées depuis un an ? Pas de réponse. Le Séminaire est transféré sous des grandes tentes dans le quartier de Santo. A cote de ces ruines, la maison de Maurèse, tenue jadis par les jésuites –chasses par Duvalier. Aujourd’hui St Viateur, une congrégation canadienne est là. Mais la grande maison n’est plus. Les ruines ont été fouillées, les pierres désossées. Un immense tas de pierres -en attente sans doute-. Journée de deuil pour moi. Emouvante. Dans le silence.

Denis le 27.01.2011

dimanche, janvier 23 2011

De Denis

LUNDI 17 Janvier 2011

A mes «frères » Haïtiens,

Frères Haïtiens, je vous aperçois chaleureux, exubérants, drapés de dignité. Je voudrais me fondre dans votre quotidien J’aimerais vous tenir la main, marcher avec vous.

Je suis venu pour vous écouter, vous toucher Mais ma voix ne peut se mêler à la vôtres Car je ne suis pas l’un des vôtres Et je dois faire avec notre différence.

Je vous ai rencontrés, Jonas, Sadrol ou Benedict Je vous ai parlé : Mina, Betty ou Guirlanda J’ai aimé la chaleur et la délicatesse de votre voix, Parfois plus légère que le silence, pour finir dans un rire.

Frères Haïtiens, je voudrais être mêlé à votre multitude Et je ne peux que vous effleurer du regard et du cœur Je ne peux vivre vos douleurs ou vos espoirs Je repartirai, mais vous serez, mes FRÈRES

Denis MARY( 15.01.2011)

lundi, janvier 17 2011

Synthèse sur « la rue »

L’agglomération est traversée par trois grands axes routiers(DELMAS)( John BROUW-BOURDON) (CANAPE VERT) qui partent du centre vital (le port) pour rejoindre PETIONVILLE. Un quatrième axe part le l’aéroport (au Nord) pour rejoindre également PETIONVILLE( route de FRERES)

Il y a le boulevard DESSALINES, de l’aéroport au Sud ouest.

Delmas et Dessalines sont les deux axes les plus encombrés.

Traverser la ville peut demander deux heures ou plus pour accomplir 5 kms.

Ces routes sont assez larges, mais parsemées d’obstacles. Il n’y a que 4 feux de croisement, plus aucune pancarte de direction, pas d’éclairage public lorsque la nuit arrive ( 18 h)

Chaque chauffeur fait comme il peut s’occupant, plus des trous que de la droite ou la gauche.

Les Tap tap sont très nombreux ( bus ou camionnettes) souvent plein a craquer, couvert de slogans aux thèmes très religieux. Ils appartiennent à des entreprises privées. Les motos taxi se développent beaucoup en ce moment. Elles passent au milieu de la chaussée, accomplissant un véritable « gymcana ».

La rue est pleine, les piétons qui trouvent leur passage entre les voitures et vendeurs qui occupent les trottoirs, la foule est surtout composée de jeunes adultes ( peu d’enfants, peu d’étrangers, peu de personnes âgées)

Le long des rues les maisons et boutiques sont très protégées et ressemblent à des bunkers- petites fenêtres, guichets, portes blindées, grilles. Pas de vitrines mais couvertes de publicités à la peinture. La encore, les thèmes religieux sont utilisés pour attirer les clients. Tout est muré, cadenassé, protégé, pas fignolé, fait de bric et de broc.

Depuis le 12 janvier 2010, une partie des rues est défigurée. Beaucoup d’immeubles cassés sont dégagés, laissant des espaces vides et gris.

Témoignage de Denis

Haïti-(12 janvier 2o11)

Haïti ! C’était un mot pour moi comme une note de musique

C’était aussi l’histoire d’un peuple fier, issu de l’esclavage

Ayant su se libérer des fers et du joug occidental

Mais comme anéanti par la violence humaine et brutale,

Cassé par une nature qui se fâche et se déchaine.

Cette terre n’a pas fini les souffrances de l’enfantement.

Planté en Caraïbe, inondé de soleil, caressé par la mer

Je le vois aujourd’hui fraternité qui se déchire

Cachant sa désespérance, ses pleurs, et sa douleur,

Derrière les sourires et les vêtements mélangés de couleur.

Haïti, je te vois couvert de montagnes agressives

Entouré d’une mer et de terres qui ne savent pas te donner la paix

Port au Prince, un immense village couvert de bruit et de noir,

De chants, des cris, de prières, de mélodies et de poussière

Tes rues sont couvertes de visages dont le soleil éclaire

Les mains des artisans, des vendeurs, des mendiants, des passants,

Les trottoirs habillés de gravats et de ruines abandonnées,

Ils servent d’ateliers, d’échoppes, de salons et d’abri pour le jour.

Port au Prince ! ville martyre depuis un an aujourd’hui même

Avec tes milliers de morts qui n’ont pu recevoir une vraie sépulture

Avec tes millions de cœurs qui ne peuvent pas encore regarder l’avenir

Avec tes églises, témoins de la foi, mais qui se sont déchirées

Dans le bruit de la terre qui craquait et criait de douleur

Un an ! Ah, si je pouvais entendre ce qui s’est brisé ce jour-là.

Un an ! Ils étaient des milliers ce matin au cœur de la cité

Chrétiens à la recherche d’un souffle d’espoir et d’un amour perdu

La voix de Dieu a voulu dire avec des mots humains que l’amour était là

Les prêtres, habillés de l’aube de la résurrection souriaient mais leur chant trop léger,

Comme s’ils ne pouvaient pas dire leur foi et leur espérance au grand jour.

Quelle lumière ai-je fait scintiller ? Quelle fraternité dans mes mains, dans mes yeux ?

La nuit vient sur moi et sur la ville pour cacher et garder ce jour,

Mais des voix tout près chantent encore des « Alléluias » à n’en plus finir

Les toiles grises des camps cachent aussi la désolation qui assèche les yeux

Un an ! Je ne sais plus, je n’entends plus, mes yeux sont dans la nuit.

Mais j’espère qu’au delà – où je ne vois pas, les complaintes et les chants,

Battent des cœurs qui réchauffent l’amour et pourront faire refleurir la Vie.

Denis

Messe catholique à la mémoire des 294.000 victimes du séisme

Mercredi 12 janvier 2011.

Première immersion pour tous, pour une messe catholique à la mémoire des 294.000 victimes du séisme et pour les familles éprouvées. « Phénomène naturel et non pénitence de Dieu ».

Levés dès 4 h30, arrivés à 7h à la cathédrale de toile UNICEF placée devant les ruines de la cathédrale, le prêtre responsable de l’organisation nous a placés parmi les officiels (gouvernement et candidats à la Présidence de l’État)

La Messe (8h00-11h30) était présidée par le Cardinal SARRA, légat du Pape entouré de tous les évêques d’Haïti et du clergé du diocèse de Port-au-Prince et des quelques prêtres venus d’à travers le monde (Denis MARY).

Au début, lecture du message du Pape pour le peuple haïtien et puis proclamation des nominations d’évêques pour Port-au-Prince par le Nonce Apostolique d’Haïti. L’évêque de Jacmel (Monseigneur POULARD) devient archevêque de Port-au-Prince et le curé de la cathédrale évêque auxiliaire.

On a eu droit à une messe traditionnelle « dies irae » (jour de colère de Dieu) avec quelques chants créoles.

Le légat du Pape a fait une homélie très appropriée à la situation humaine, sociale et politique que vit le peuple haïtien en ce moment.

A la fin de la célébration un évêque américain et un évêque français (Marc SINGER évêque de Troyes) ont proclamé un message au nom des églises qu’ils représentaient et également la CARITAS (secours catholique) une proclamation et un appel à la solidarité locale et internationale.

Pour terminer, Monseigneur LAFONTANT a dit un au-revoir dans lequel il n’a pas manqué de rappeler que l’avenir d’Haïti était d’abord l’affaire des haïtiens.

Après chaque intervention l’assemblée applaudissait.

Pour nous la participation à cette célébration a été très importante pour se sentir en communion avec les épreuves du peuple haïtien.

Note : Nous avons pu parlé à un des grands rescapé du tremblement de terre, un jeune d’une vingtaine d’année, Monsieur Lindor GARRY, accompagné de la femme chirurgien qui l’a opéré.

Les télévisions du monde entier étaient présentes dont France3.

Visite du nouvel Institut Monfort

Mardi 11 janvier 2011. Visite de l’ancienne ferme de Santo devenue l’Institut Montfort pour Jeunes Sourds (environ 300 personnes de 5 à vingt ans)

L’Institut est situé au nord de Port au Prince sur la route qui conduit à Saint Domingue. Nous y arrivons par un chemin étroit et chaotique il est maintenant construit de toute part (plein comme un œuf)

Un grand portail s’ouvre sur un domaine de 5 hectares environ. A l’accueil, une guérite et deux gardes armés.

Autour de la maison des Sœurs, la vie s’est organisée sous les arbres fruitiers (manguiers, citronniers, bananiers, goyaviers, avocatiers, tamariniers) avec des bâtiments provisoires (réfectoires, douches, latrines, bureaux, cuisines….)

Au delà, d’un coté, un ensemble de bâtiments au sol bétonné, poutrelles en fer, murs de bois (plywood) toiture en tôle, fermé sur trois cotés, accueille les sections maternelles, primaires, écoles professionnelles (section couture et ménagère…)

Les ateliers bois, vannerie, reliure se trouvent sur une autre parcelle.

Sur le terrain jusque là cultivé, se trouve les tentes de « L’UNICEF » dortoirs pour les pensionnaires. Les externes viennent en bus (compagnie DIGNITE) payé par l’Institut.

Depuis le séisme, la ferme est moins exploitée.

Les Sœurs occupent la maison pour la communauté (3 religieuses et 1 laïque)

Après la visite, un repas typique haïtien nous a été offert. Nous l’avons partagé avec les Sœurs et deux jeunes français volontaires qui font un service civil de six mois (un est d’Argentan, l’autre de Seine et marne).Ils sont actuellement un groupe de trente quatre français en Haïti.

Les circonstances ont entrainé un bouleversement pour l’association Kè Kontre qui ne peut plus mener ses activités à cet endroit.

Une page se tourne, une nouvelle organisation est à mettre en place.

Le retour à une heure chargée a fini de nuit à cause du blocus (bouchon) deux heures au lieu d’une.

Visite de l'école Jules Verne

Lundi 10 janvier 2011 Visite de l’école Jules Verne,

La structure de l’école nous a impressionné (c’est Versailles, Denis MARY) par son architecture, sa propreté ses enseignants, sa discipline.

Visite d’une classe de l’école normale (classe de 2ème et 3ème année). Présentation de l’action Kè Kontre par Martine.

Suite à cette présentation, un normalien a exprimé la reconnaissance de l’ensemble de l’école. Nous avons apprécié et été touchés. Un chant traditionnel a clos la visite de la classe.

Suite au séisme, une commerçante de la rue a été intégrée à l’école. Un sandwich est distribué gratuitement aux élèves de l’école normale et pour ceux qui le peuvent, un plat chaud leur est vendu (photo plat spaghettis)

Les frais de transport (taptap) pour ceux qui habitent loin sont réglés par l’école. Cela incite les jeunes étudiants à venir en formation.

L’école fonctionne en deux vacations. A treize heures 300 enfants se croisent.

Nous avons participé à la confection des paquets cadeaux de Noel remis aux différentes classes du primaire (jouets offerts par des écoles du quartier plus aisées)

Nous avons profité de la présence de nos deux responsables Mina et Guirlanda pour organiser la fête des enfants parrainés en association avec les jeunes de l’école normale et les enfants de l’école d’application Jules Verne (chants, danses, scénettes, poésies) suivie d’une collation pour laquelle les familles apporteront leur contribution (gâteaux, surettes, bonbons…)

L’école vit totalement d’aide d’associations japonaises, belges, françaises et grâce à des bénévoles haïtiens ou étrangers.

Après le repas pris à l’école Jules Verne, Sadrole, artisan du fer (Boss métal) nous conduit à son atelier situé dans le Centre d’Art des Noailles sur la commune de la Croix des Bouquets.

C’est dans ce village qu’il y a les maitres artisans ( Jolumeau, les frères Balan, Roni…)

Dans l’Ajoupa (magasin) de Sadrole, l’association a passé commande pour les prochaines expositions en France.

Sur le retour, à travers des chemins mal aisés nous avons découvert un projet de l’OMI (Organisation Mondiale de l’Immigration) 1000 petites maisons financées par les Coréens. Nous sommes arrivés moulus.

jeudi, janvier 13 2011

Des nouvelles des parrainés

08.01.2011

Rolanda. J'ai eu Jean Ronald au tel et je devrais voir Rolanda prochainement. Il sait qu' un petit cadeau de sa marraine et son parrain l'attend.

Mina PIERRE. Sa deuxieme annee d'ecole normale pas terminee que Mina demande apres sa troisieme annee de faire une licences de sciences de l'education. Super

Demain visite a l'ecole Jules Verne Bonjour a toutes et a tous Nous pensons bien a vous Bises Martine

Témoignages d'Haïti.

08.01.2011

Un an après nous constatons que très peu de choses ont change par contre la vie a repris dans les décombres. Il faut bien survivre! Tout s'organise dans le provisoire. Amertume et espérance relative d' un gouvernement plus compétant se ressentent des nos premiers contacts. A la question de Maite : A quel âge est la retraite en Haïti, la réponse faite a été < le jour des funérailles>. Je vous laisse deviner notre reaction!..... Raymond Martine

le 08.01.2011

A peine debarquee de l'avion, je suis confrontee a la dure realite. Tout ce que je pouvais imaginer en etait loin. Il fait nuit je ne peux me rendre compte de l'ampleur du desastre mais ces pauvres haitiens entasses dans les cases de fortune en disent long sur le drame qu'ils vivent depuis un an. Ces survivants, comment font-ils pour faire face a une telle situation? A mon grand etonnement, ils sont debout et ils avancent, digne ! Aujourd'hui dimanche, nous sommes descendus en ville et avons pu voir de nos propres yeux, la destruction partielle et bien souvent totale de cette ville. C'etait horrible. Je rentrerai d'Haiti avec une toute autre vision de la vie. Maite

Port au Prince le 8.01.2011

En arrivant ( by night) 20heures - la rue bruyante - la musique - les cris des hommes -les tap tap nombreux comme la foule - pas d'eclairge public des poteaux seulement Mais je ressens que la vie est bien la Ce n'est pas l'image de desespoir que l'on raconte Dans le quartier de Peti0nville, autour des maisons une vegetation luxuriante et bien verte. Un enchantemente lorsqu'on arrive du morne hiver normand. La maison est tres protegee des voleurs- grand mur, porte et grille cadenassees, le chien en liberte pour la nuit. Je sais que la rue m'est interdite pour y aller seul. Et pourtant j'aurais envie de me plonger dans cette foule. Si j'etais noir je le ferais. Mais je suis l'etrange. Denis

mercredi, janvier 12 2011

Contact sur place

Pour contacter Martine Raymond, Maïté ou Denis sur place, merci de transmettre votre courriel via celui de l'association : ke.kontre@wanadoo.fr (Marie-Gabrielle se chargera de transférer) ou d'appeller l'association pour obtenir le numéro de portale de Martine.

Nouveau départ ...

Un an après le séisme, Martine et Raymond sont repartis en Haïti. Ils ont emmené avec eux Denis Mary et Maïté, une cousine de Martine. Ils sont tous bien arrivés et sont déjà au travail.