Témoignage de Denis
Par Membre du bureau le lundi, janvier 17 2011, 17:36 - Lien permanent
Haïti-(12 janvier 2o11)
Haïti ! C’était un mot pour moi comme une note de musique
C’était aussi l’histoire d’un peuple fier, issu de l’esclavage
Ayant su se libérer des fers et du joug occidental
Mais comme anéanti par la violence humaine et brutale,
Cassé par une nature qui se fâche et se déchaine.
Cette terre n’a pas fini les souffrances de l’enfantement.
Planté en Caraïbe, inondé de soleil, caressé par la mer
Je le vois aujourd’hui fraternité qui se déchire
Cachant sa désespérance, ses pleurs, et sa douleur,
Derrière les sourires et les vêtements mélangés de couleur.
Haïti, je te vois couvert de montagnes agressives
Entouré d’une mer et de terres qui ne savent pas te donner la paix
Port au Prince, un immense village couvert de bruit et de noir,
De chants, des cris, de prières, de mélodies et de poussière
Tes rues sont couvertes de visages dont le soleil éclaire
Les mains des artisans, des vendeurs, des mendiants, des passants,
Les trottoirs habillés de gravats et de ruines abandonnées,
Ils servent d’ateliers, d’échoppes, de salons et d’abri pour le jour.
Port au Prince ! ville martyre depuis un an aujourd’hui même
Avec tes milliers de morts qui n’ont pu recevoir une vraie sépulture
Avec tes millions de cœurs qui ne peuvent pas encore regarder l’avenir
Avec tes églises, témoins de la foi, mais qui se sont déchirées
Dans le bruit de la terre qui craquait et criait de douleur
Un an ! Ah, si je pouvais entendre ce qui s’est brisé ce jour-là.
Un an ! Ils étaient des milliers ce matin au cœur de la cité
Chrétiens à la recherche d’un souffle d’espoir et d’un amour perdu
La voix de Dieu a voulu dire avec des mots humains que l’amour était là
Les prêtres, habillés de l’aube de la résurrection souriaient mais leur chant trop léger,
Comme s’ils ne pouvaient pas dire leur foi et leur espérance au grand jour.
Quelle lumière ai-je fait scintiller ? Quelle fraternité dans mes mains, dans mes yeux ?
La nuit vient sur moi et sur la ville pour cacher et garder ce jour,
Mais des voix tout près chantent encore des « Alléluias » à n’en plus finir
Les toiles grises des camps cachent aussi la désolation qui assèche les yeux
Un an ! Je ne sais plus, je n’entends plus, mes yeux sont dans la nuit.
Mais j’espère qu’au delà – où je ne vois pas, les complaintes et les chants,
Battent des cœurs qui réchauffent l’amour et pourront faire refleurir la Vie.
Denis