Haïti-(12 janvier 2o11)

Haïti ! C’était un mot pour moi comme une note de musique

C’était aussi l’histoire d’un peuple fier, issu de l’esclavage

Ayant su se libérer des fers et du joug occidental

Mais comme anéanti par la violence humaine et brutale,

Cassé par une nature qui se fâche et se déchaine.

Cette terre n’a pas fini les souffrances de l’enfantement.

Planté en Caraïbe, inondé de soleil, caressé par la mer

Je le vois aujourd’hui fraternité qui se déchire

Cachant sa désespérance, ses pleurs, et sa douleur,

Derrière les sourires et les vêtements mélangés de couleur.

Haïti, je te vois couvert de montagnes agressives

Entouré d’une mer et de terres qui ne savent pas te donner la paix

Port au Prince, un immense village couvert de bruit et de noir,

De chants, des cris, de prières, de mélodies et de poussière

Tes rues sont couvertes de visages dont le soleil éclaire

Les mains des artisans, des vendeurs, des mendiants, des passants,

Les trottoirs habillés de gravats et de ruines abandonnées,

Ils servent d’ateliers, d’échoppes, de salons et d’abri pour le jour.

Port au Prince ! ville martyre depuis un an aujourd’hui même

Avec tes milliers de morts qui n’ont pu recevoir une vraie sépulture

Avec tes millions de cœurs qui ne peuvent pas encore regarder l’avenir

Avec tes églises, témoins de la foi, mais qui se sont déchirées

Dans le bruit de la terre qui craquait et criait de douleur

Un an ! Ah, si je pouvais entendre ce qui s’est brisé ce jour-là.

Un an ! Ils étaient des milliers ce matin au cœur de la cité

Chrétiens à la recherche d’un souffle d’espoir et d’un amour perdu

La voix de Dieu a voulu dire avec des mots humains que l’amour était là

Les prêtres, habillés de l’aube de la résurrection souriaient mais leur chant trop léger,

Comme s’ils ne pouvaient pas dire leur foi et leur espérance au grand jour.

Quelle lumière ai-je fait scintiller ? Quelle fraternité dans mes mains, dans mes yeux ?

La nuit vient sur moi et sur la ville pour cacher et garder ce jour,

Mais des voix tout près chantent encore des « Alléluias » à n’en plus finir

Les toiles grises des camps cachent aussi la désolation qui assèche les yeux

Un an ! Je ne sais plus, je n’entends plus, mes yeux sont dans la nuit.

Mais j’espère qu’au delà – où je ne vois pas, les complaintes et les chants,

Battent des cœurs qui réchauffent l’amour et pourront faire refleurir la Vie.

Denis